Écrire un livre sur une famille, qui ne soit ni royale, ni princière, pourrait sembler présomptueux. Mais peut-être pas dans le cas où l’histoire de cette famille, liée à une cité, Mahdia, couvre plusieurs siècles, compte une descendance pléthorique et un corpus de légendes.
Les Hamza de Mahdia— Hamzaouet comme on les appelle —ont fait l’objet de longues et patientes recherches du docteur Mhamed Hamza, lauréat du Prix Bourguiba et passionné d’histoire. Défricher celle de sa famille où les alliances, les patronymes récurrents, les filiations sœurs ou cousines, les croisements multiples, ne dut pas être une mince affaire.
Rigoureux, précis comme tout scientifique qui se respecte, Mhamed Hamza consulta archives, documents officiels et municipaux, actes notariés. Mais surtout la mémoire des anciens, la tradition orale familiale, les légendes symboliques d’un temps, d’un environnement. D’origine turque, venue d’Anatolie, selon cette tradition orale, les Hamza étaient hanéfites et leurs ancêtres ont souvent épousé des filles de familles malékites locales.
Une des plus jolies légendes, mythe fondateur de cette histoire, est celle de la jument aux yeux vairons. Refusant de la livrer au bey de l’époque, amateur de choses d’exception et cédant aux pleurs des femmes de la maison, attachées à la monture, le maître de maison préféra la tuer. Il fut, bien sûr, exécuté sur ordre du bey, ainsi que toute sa famille, hormis deux femmes enceintes, exilées à Porto Farina. A la mort du bey régnant, l’une d’entre elles revint accompagnée de son fils dont elle fit un tisserand, l’éloignant ainsi de la carrière militaire de son père, dans une cité qui était capitale de la soie.
La turbulente vente d’huile à un commerçant de l’empire austro-hongrois, et ses péripéties, faillites et procès qui impliquèrent une grande partie de la famille resta également dans les annales de la famille. Celle du trésor caché sous le métier à tisser en est une autre. De même que la courageuse protection offerte à des familles juives par Khaled Abdelwaheb durant la guerre. On y présente également certaines icones de la ville comme Bechir Hamza, père de la pédiatrie, dont l’exemple influença durablement les héritiers au point où l’on compta plus d’une vingtaine de médecins du même nom à un certain moment.